Historique
Shenyang J-8I vu du dessus
La Chine doit beaucoup à l'industrie soviétique, et depuis le J-2 jusqu'au J-7, leur point de départ était des MiG obligeamment fournis par l'URSS. Avec le J-8, elle franchissait à l'époque une nouvelle étape, en y apportant ses propres idées.
Cet intercepteur eu pour origine une demande de l'armée de l'air chinoise, en 1964, d'un appareil à long rayon d'action capable de détruire les B-58 ou les U-2 américains. Ce que le J-7 ne pouvait pas faire.
De fait, le J-8 se présente comme un MiG-21 agrandi, ou, plus exactement, comme un J-7 agrandi. Il en reprenait l'entrée d'air frontale, le train d'atterrissage, la quille ventrale. En revanche, il était biréacteur. Les ingénieurs de Shenyang semblent s'être très fortement inspirés du Ye-152A.
Le prototype décolla le 5 juillet 1969. Faute de mieux, l'appareil fut équipé du radar du J-7I et de 2 missiles PL-2, mais était équipé de 2 réacteurs WP-7A, de 2 canons Type 30-1 de 30 mm alimentés par 200 obus, de bombes et de roquettes. Cela en faisait un chasseur de jour, avec des capacités d'attaque au sol et une manœuvrabilité (4,8 G max) réduites.
Le développement fut incroyablement long pour l'époque, ralenti par la Révolution Culturelle, et l'armée de l'air chinoise ne disposa pas d'appareils pour évaluation avant 1980. Opposé au projet J-9, il en sorti vainqueur.
Le J-8I, une version un peu améliorée et redessinée, fut conçue dès 1976. Son radar était plus évolué, il emportait une copie chinoise du Gsh-23L jumelé, et disposait de 5 points d'emport, dont un humide en position ventrale. La verrière s'ouvrait vers l'arrière et non plus vers l'avant. Le premier prototype fut détruit dans un accident au sol avant même son premier vol en 1980, et c'est le deuxième qui prit l'air le 24 avril 1981.
Entre 20 et 50 J-8I, une centaine au maximum, furent produits jusqu'en 1989 et retirés du service au début des années 1990. Il emportait des missiles PL-5. Les J-8I furent convertis soit en J-8E, un standard d'amélioration à mi-vie incluant des systèmes de guerre électronique, soit en JZ-8 de reconnaissance. Cette version, développée vers 1985, utilisait les rares qualités du J-8 et emportait un pod ventral contenant une caméra KA-112A. Le principal mérite du J-8I est d'avoir apporté de l'expérience à l'industrie aéronautique chinoise.
Shenyang J-8B - Prototype
Le J-8II fut conçu à partir de 1982, afin de donner au Finback des capacités BVR. Il se distingue du J-8I d'emblée avec ses entrées d'air latérales et sa quille ventrale, qui ressemblent trop à celles du MiG-23 pour qu'on ne se pose pas certaines questions. Sa configuration générale rappelle alors le Su-15.
Quoiqu'il en soit, le J-8II effectua son premier vol le 12 juin 1984 et fut suivi d'une présérie de 12 exemplaires. Il possède 6 points d'emport et peut utiliser le PL-10. Mais son radar Type 208 (SL-4A), avec sa portée de 40 km, était clairement insuffisant. Grumman fut donc approché pour fournir l'AN/APG-66 à 50 exemplaires, dans le cadre du programme "Peace Pearl", mais les événements de Tiananmen en 1989 mirent fin au programme.
Il entra en production sous l'appellation J-8B, suivi du J-8D ravitaillable en vol. Celui-ci vola le 21 novembre 1990 et était équipé d'un système de navigation TACAN et d'un radar SL-8A, d'une portée de 70 km, à impulsion Doppler. 300 exemplaires furent construits, et au moins 30 J-8B furent convertis en J-8D. Malheureusem*nt, si le radar commençait à être potable, le manque de missiles à moyenne portée fit que les J-8B et D furent équipés seulement de missiles à courte portée, les PL-2, 5 et 8.
Les Chinois se tournèrent alors vers Israël et la Russie pour concevoir la prochaine version. Le J-8C, une version radicalement améliorée, effectua son vol inaugural en 1993. Il était équipé de CDVE, expérimentés sur les J-8ATC (1990) et J-8IIATC (1988), d'écrans multifonctions, de réacteurs WP-14 et d'un nouveau radar dérivé du radar israélien Elta EL/M 2035. Cependant, le projet fut annulé et seuls 2 prototypes furent construits.
Le J-8IIM était équipé d'un radar russe Zhuk-8II PD d'une portée de 70 km, d'un système de navigation par GPS et de missiles R27R1 et Kh-31A. Il vola en 1996 et 100 exemplaires furent construits. Ce fut la première version à avoir enfin des capacités BVR. il fut proposé à l'exportation sous la dénomination F-8IIM, en particulier en Iran, sans succès.
Shenyang J-8 Finback-A chinois par Nico2
Le J-8H vola en décembre 1998. Il est équipé d'une avionique plus satisfaisante (Type 1471 ou KLJ-1, d'une portée de 80 km à capacité look-down/shoot down, et pouvant suivre 10 cibles et en engager 2), de réacteurs WP-13B, de missiles PL-9, PL-11 et 12 et est ravitaillable en vol. Il aurait été construit à 50 exemplaires depuis 2001, et les derniers J-8D furent mis au standard J-8H. Il commençait à être crédible, mais les 4 tonnes de carburant emportés en interne ne lui donnaient qu'une autonomie de 600 km au mieux.
Le J-8F est la version la plus évoluée, vola en 2000 et est en production depuis 2003. Il est doté d'écrans multifonctions et d'un radar multimode Type 1492. Il est équipé de réacteurs WP-13BII plus puissants, et de missiles PL-12 et AS-17 Krypton, ainsi que de bombes à guidage laser. Ses capacités air-air et air-sol ont été notablement améliorées, et une variante de reconnaissance, le JZ-8F, en a été tirée. Le J-8F est également utilisé par la PLANAF. Une centaine d'exemplaires auront peut-être été produits.
Enfin, le J-8T est la plus récente version du Finback, et la dernière. Il emporte un radar JL-10A travaillant en bande X et des réacteurs WS-12.
On ne sait rien de la carrière opérationnelle du J-8, si ce n'est que 2 exemplaires interceptèrent un P-3 le 1er avril 2001. Le P-3 et un des J-8 entrèrent en collision, tuant le pilote chinois. Cet accident est connu sous le nom d'incident de Hainan.
On estime à 390 le nombre de J-8 construits, et à près de 300 le nombre d'exemplaires encore en service. Il ne fut jamais exporté. Cet intercepteur a souffert toute sa carrière du manque d'un radar et de missiles propres à lui donner la capacité BVR qui était sa raison d'être. De plus, il était nettement dépassé lors de son entrée en service. Rien d'étonnant alors que les Chinois préfèrent se concentrer sur les J-10 et J-11 plus récents.
Texte de Clansman, avec son aimable autorisation
Pays utilisateurs
- Chine : Aéronavale chinoise (48 exemplaires)
- Shenyang J-8BH (12 exemplaires)
- Shenyang J-8DH (14 exemplaires)
- Shenyang J-8E — Plus en service
- Shenyang J-8FH
- Shenyang JZ-8F (2 exemplaires)
- Chine : Armée de l'air chinoise (360 exemplaires) — J-8 et J-8E sortis de service
- Shenyang J-8B (24 exemplaires actuellement)
- Shenyang J-8F (24 exemplaires actuellement)
- Shenyang J-8G — Faible nombre d'appareils en service
- Shenyang J-8H (96 exemplaires actuellement)
- Shenyang JZ-8 (24 exemplaires actuellement)
- Shenyang JZ-8F (24 exemplaires actuellement)